Le weekend, ou le moment de la semaine ou je suis totalement décalée aux horaires de la société. Il devait être deux heures de l'après midi lorsque je daignais enfin à sortir de ma chambre, qui me servait plus d'entre que d'autre chose. Je venais de passer la nuit entière à tenter de peindre sans le moindre succès. Le pire dans cette histoire, c'est que j'aurais bien préféré dormir, mais mon entêtement m'a retenue prisonnière. Malheureusement pour moi j'étais donc restée éveillée jusqu'à six heure du matin, au moins. Donc ma nuit n'avait pas été si longue que ça... Si on pouvait appeler cela une nuit. Mais qu'importait l'heure, mon ventre criait famine. Je me fis donc un petit déjeuner en guise de déjeuner. Personne n'était à l'appartement en ce début d'après midi. Tous occupés à ce que je vois. En lisant les informations inutiles qu'on pouvait trouver sur tous les paquets de céréales, je tentais de trouver une activité qui pourrait m'occuper le reste de la journée ? Commencer par prendre une douche et m'habiller. Ça ne m'avait pas trop l'air compliqué, et puis qui sait, peut être que j'aurais une idée ? Direction la salle de bain, histoire d'enfiler une tenue plus convenable qu'un pyjama. La chance ne m'avait pas totalement lâchée puisque j'avais trouvé ce que j'allais faire aujourd'hui ! MinSeo et SungRa m'avaient conseillée d'aller faire un tour à un jardin, ils me disaient que j'y trouverais certainement de l'inspiration. J'avais donc décidé d'y aller !

Un sac pour balader mon bloc note et mes crayons, de la musique, des chaussures et j'étais partie. Je fermais la porte à clé derrière moi et partie tranquillement en direction de ce parc. J'y allais doucement mais sûrement. Je ne connaissais pas encore très bien les lieux. Mais la quartier Est était plutôt accessible et bien indiqué, je pouvais donc m'installer tranquillement sur une table et commencer à dessiner en écoutant ma musique. Tout était parfait jusqu'à ce que le vent ne vienne m'embêter, faisant décoller mes feuilles dans tous les sens. Évidement, je réussis à rattraper la plus par de mes brouillons avant qu'elles ne s'échappent trop loin. Mais il y a toujours une exception à la règle. Pas le temps de réfléchir, je courus après. Le vent était contre moi. Je décidais donc d’interpeller le jeune homme qui se retrouvait à quelques dizaines de mètres de moi : « E-EXCUSEZ-MOI EST-CE QUE VOUS POUVEZ ATTRAPER CETTE FEUILLE ? »lui criais-je. Mais il était trop tard, le dessin venait de le dépasser, m'obligeant à accélérer.

Voila, une fois de plus, j'en avais trop dis. Pourquoi m'obstinais-je toujours à être polie ? Avec une phrase aussi longue et la distance qu'il y avait entre ce jeune homme et moi, je ne pouvais que paraître incompréhensible. Synthétique HaeWoo, il faut être synthétique ! Comment aurait-il pu te comprendre, hein ? Ce pauvre petit, il n'avait rien demandé en plus... La prochaine fois cris simplement « feuille » peut être que ça marchera. Bien que la feuille lui soit passée sous le nez, le jeune homme se mit a courir après. Je souris légèrement, il était gentil de ne pas me laisser seule dans cette situation particulièrement ridicule et gênante. En plus, les mecs ça court plus vite que les filles et bien que je fasse de l'endurance tous les matins - ou presque - je n'arrivai même pas a le rattraper. Je me rapprochais un peu, mais voila. Il était toujours plus apte à chopper ce maudit dessin que moi. Celui-la, je l'encadrerai et je préciserais qu'il est le trophée du plus grand sprint de ma vie.

Du coup, nous étions deux à s'être lancés dans cette course poursuite. Et comme toutes bonnes courses poursuite, il fallait ce petit retournement histoire que tout ne tombe pas a l'eau, ce petit plus. Dans le cas présent, tout était tombé à l'eau. Ou du moins tout allait tomber a l'eau puisqu'une fontaine avait décidé de se mettre en travers de notre route. Evidement je ne vous préciserais pas l'ironie du sort : la feuille s'était délicatement posée sur l'eau, n'attendant qu'un sauveur. Ce sauveur arriva, a présent il était trempé jusqu'à l'os. La situation pourrait être marrante, mais j'approchais aussi dangereusement de cette fontaine. J'avoue avoir eu le temps de freiner. Mais en voyant le jeune homme, la tête dans l'eau, le bras lever tenant mon dessin, j'enjambais à mon tour la fontaine afin de mettre mes pieds a l'eau. Entre un dessin et e vie humaine, mon choix ne fut pas long, même si ce dessin m'avait demandé quelques bonnes heures de travail et que le jeune homme allait certainement pouvoir se relever seul. Je me devais de m'assurer justement si il allait pouvoir le faire, on ne sait jamais... Un accident c'est vite arrivé ! Je me dépêchais ; je pris fermement son bras le relevant de toutes mes forces - et dieu sait que j'en ai quand je le veux- afin de lui sortir la tête de l'eau. A ma grande surprise son visage ne m'était pas du tout inconnu. Les photos qu'il y avait dans ma chambre devaient y être pour beaucoup, mais j'avais l'impression de le croiser assez souvent. Déjà l'autre jour a la plage, maintenant dans une fontaine... Il allait croire que je le harcèle. M'enfin, là n'était pas le plus important. Voyant la tête de mon dessin je me mis a rire. La situation était elle aussi assez cocasse. « Bon et bien, je crois qu'on a fait tout ça pour rien... Est-ce que ça va, Myung Dae ? » lui demandais-je. Le prénom était sortis tout seul. Le coup de l'émotion. Je ne contrôle plus rien... Peut être n'était-ce pas lui ? Dans ce cas, j'allais avoir l'air bête. Mais pas plus que si c'était vraiment lui. Il allait surement croire que je me souvenais de tout alors que ce n'était pas le cas.

Dire que je ne me souvenais de rien était un mensonge. J'avais quelques souvenirs, mais ce n'était pas grand chose. Je me réveillais parfois avec une bride de souvenir ; un objet, une émotion, un sentiment au mieux.... Mais jamais de visages. Tout était flouté, trouble. Je gardais des albums photos au pied de mon lit et cherchais parfois pendant des heures un élément de mon rêve afin de vérifier si c'était bel et bien un souvenir ou juste le fruit de mon imagination. Et c'était de cette façon que je m'étais souvenue de son prénom. Myung Dae. Je me souviens m'être réveillée et l'avoir répéter des dizaines de fois, à voix haut ou dans ma tête, tentant de me souvenir... Mais rien. Il m'avait fallu l'aide de mes parents et de leurs albums photos. Ils ne m'avaient pas parlée de lui. Pourquoi ? Je n'avais pas osé poser la question. Pourtant... Il avait l'air d'être important pour la famille, et donc pour moi. J'avais aussi su que c'était lui qui m'avait tant marquée à l’hôpital. Un visage avec un nom ! Le premier après mes parents ! Et pourtant, même si j'étais contente d'enfin le voir en chair et en os - bien que les photos soient biens, le voir en vrai était encore mieux, on a plus de détails (a) - je m'en voulais de l'avoir directement appelé par son prénom. Si j'avais pu le faire, je serais aller me cogner la tête contre un arbre à plusieurs reprise en répétant que j'étais une idiote. Mais je m'infligerais cette punition plus tard ; je n'allais pas faire ça en public quand même.

Il me rassura : tout allait bien. Je lâchai doucement son bras en soupirant de soulagement. Pas d'accident à l’horizon ! Mon sourire se renforça, c'était plus fort que moi. Il me tendit ma feuille mouillée en s'excusant. Je le coupai directement : « Ne t'excuse pas ! Ce n'est pas de ta faute, la prochaine fois, j'emmènerais des briques dans mon sac pour que mes dessins ne s'envolent pas ! ». Je racontais de la merde... Dans le but de le voir sourire. Allez savoir pourquoi, je n'avais que cette envie : le voir sourire, le voir heureux. « Je devrais plutôt te remercier pour ce magnifique sprint ! » Je posais le dessin sur le bord de la fontaine et sortis de la fontaine en même temps que lui, vu comme il était gorgé d'eau il n'allait pas s'envoler. D'ailleurs, il n'y avait pas que le dessin qui était gorgé d'eau...Myung Dae était trempé et devait avoir froid... Et tout ça, c'était de ma faute. Je m'en mordais les doigts. Iil me semblait que j'avais une serviette ou quelque chose dans le genre dans mon sac, étant donné que j'allais à la plage avec. Je tendis mon index vers le ciel et lui demandai de m'attendre quelques secondes. Je me remis à courir telle une tarée dans ce beau jardin, retrouvai ma table, rassemblai mes affaires en quatrième, les bourrai dans mon sac après avoir retirer ma mini serviette de plage et retourna à ses cotés. J'avais fais le plus vite possible ; toujours prête à ma plier en quatre pour les autres.

« Tiens, prends ça ! » lui dis-je entre deux souffles. Je lui tendais un petit paquet, contenant une petite serviette. Pas très utile me direz vous... Mais vous vous trompez ! Mesdames et messieurs, vous avez devant vos yeux la serviette la plus pratique du monde : transportable & éponge. J'utilisais cette serviette pour mes cheveux et ça marchait terriblement bien. Elle gonflait, épongeant toute l'eau, permettant de se sécher un peu plus vite. En plus, elle était toute douce. Je la dépliai et lui posa sur les épaules... du mieux que je le pouvais. « Je suis désolée pour tout ça, vraiment. J'm'en voudrais si tu tombais malade.... Voilà. C'est la première fois que ça m'arrive... je veux dire, de courir après une feuille et finir dans une fontaine... ». Cette idée me fit rigoler. Ouais, on avait eu l'air cons. Mais c'était marrant. J'avais imaginé milles et une façon de la "rencontrer", mais aucun de mes scénarios ne s'était révélé aussi délirant. J'étais fière de moi. C'était le première fois que j'utilisais la formule "c'est la première fois" sans rajouter le fameux "enfin, je ne le sais pas vraiment." Je n'avais pas envie d'évoquer cela avec lui.Pourtant il allait le falloir si je voulais connaitre ce que se cachait réellement derrière tant d'années de relation...

Spoiler:

Je me sentais coupable. Horriblement coupable. J'avais peur qu'il croit que je me souvienne de tout ce qu'il avait vécu avec l'ancienne Hae Woo. Techniquement, pour moi, j'étais toujours la même, mais pour lui, pour mes parents, pour mes amis, mes proches... Je devais être différente. Tout ceux qui étaient venu me voir a l'hôpital avait eu le droit a mon fameux : « Je ne me souviens de rien... Je suis sincèrement désolée. » suivi des répliques des médecins : « Sa mémoire reviendra peut être un jour. Dans un moi, comme dans dix ans, on en sait rien. On n'en est même pas surs.». Ça fait un moment que j'ai eu mon accident, déjà quelques années et toujours rien. Enfin si, quelques brides. Mais pas dix sept ans de vie, dix sept ans de relation, dix sept ans d'existence. Ces dernières années, j'avais vécue comme une âme en peine, une âme vide sans histoire. J'ai eu du mal à retrouver le gout de la vie. Mes parents ont été les seuls à être vraiment derrière mes fesses, à me tendre la main. C'est peut être pour cela que j'ai de nouveau une relation fusionnelle avec eux. Je ne sortais plus beaucoup. Je m'enfermais dans les albums photo, le dessin et la musique. La lecture aussi. Je cherchais des indices. Mais mes recherches n'avançaient pas beaucoup, c'est ce qui expliquait.mon arrivée soudaine à Busan. Ce sont mes parents qui avaient choisis la destination. Selon eux, j'allais souvent la bas, peut être que les souvenirs reviendront par eux mêmes en me baladant dans les rues. Et au pire, c'était une belle ville. Je pourrais facilement commencer une nouvelle vie.

Je ne pouvais pas reprocher au gens de mon passer d'avoir du mal avec moi maintenant, ni même qu'ils m'en veuillent. Je ne sais pas ce que cela faisait exactement... Mais ils devaient avoir mal, et la douleur, je le comprend bien. Trop bien même. Je ne pouvais pas en vouloir a MyungDae de ne pas avoir rit de mes sottises. Il n'était pas partis en courant, froidement... Et ça c'était beaucoup pour moi. Je ne sais pas exactement pourquoi ça me faisait tant plaisir, mais j'étais contente de le voir. Il avait drôlement changé. Je le comparaient a ces photos, d'il y a trois ans. Il avait toujours le même air charmeur, mais avec un brin de maturité en plus. Il était devenu grand. Bon déjà sur les photos, les différences de tailles entre lui et moi se faisaient fortement ressentir, mais je pense qu'il avait tout de même grandis, ou il s'était simplement transformer en homme, en vrai. Je ne savais pas quel âge il avait. Je ne savais plus... J'eus le temps de m'aérer l'esprit en courant. Une thérapie en or, la course.

Je luis tendis cette fameuse serviette et l'installai sur ses épaules. Peut être que lui aussi avait profité de mon absence pour réfléchir ; son rire était réapparu. Il ne voulait pas entendre mes excuses... Mais je devais lui en présenter toit de même. Une histoire de fontaine, ce n'est pas si grave, mais lui briser le coeur c'était autre chose. J'étais impardonnable, je le savais d'avance, mais c'était plus fort que moi. De toutes les têtes que j'avais vu passer a l'hôpital, c'est la sienne qui m'avait le plus marquée. Je ne pourrais pas la décrire, mais il avait eu l'air brisé. Bien plus que les autres... Pourquoi ? C'était trop tôt pour lui parler de tour cela hn ? Sa voix me permis de me libérer de mes pensées. J'étais content qu'il dise que je n'avais pas changé. Je lui faisait confiance. Il ajouta aussi qu'il était content de me revoir. Un magnifique sourire venait se glisser sur ses lèvres. Je crois que je vais pleurer tant ce dernier rayonnait. Et puis, je ne sais pas pourquoi, mais j'étais comme bouleversée par ces quelques mots. L'espace d'un instant j'ai vraiment cru que j'allais m'effondrer en larme, mais je gardais cette tornade de d'émotions pour moi. « De rien, c'est la moindre des choses ! ». J'accompagnais ma réponse d'un grand sourire. Je marquais aussi une pause. Est-ce qu'il voyait mes yeux briller ? J'avalais difficilement ma salive. « Je suis contente de te "rencontrer" dans de meilleures conditions !». J'avais l'impression d'être un monstre du passé qui revenait pour le hanté. Je n'avais pas tellement hésité avant de dire cela, mais c'était plus fort que moi, il fallait toujours je de dise ce que je pense. Et puis.... Il valait mieux qu'il sache que la Hae Woo qu'il a connu n'était pas encore revenue. Je lui souriais encore. C'était une situation inconfortable mais... Au fond, ça faisait du bien de le voir enfin, en plus souriant.

Je ne sais pas si ce genre de situation devait s'appeler une rencontre - comme je l'avais dis - ou des retrouvailles. Peut être ni l'un ni l'autre. C'était juste étrange. J'avais l'impression qu'un canyon nous séparait alors que nous n'étions qu'à quelques mètres l'un de l'autre, il y a même quelques secondes mon visage n'était pas si loin du sien. Pourquoi ? Non, je ne devais pas me poser la question, je connaissais la réponse et... elle était simple : je l'avais oublié. J'avais beau le regarder, lui parler pour de vrai, mes souvenirs ne me revenaient pas. Mais à quoi est-ce que j'avais cru ? Qu'une fois que je l'aurais vu mes souvenirs reviendraient tous d'un coup et on pourrait enfin faire comme si rien ne s'était passé. Mais c'était impossible. Pourquoi y avais-je pensé, alors ? « Rien n'est impossible, seules les limites de nos esprits définissent certaines choses comme inconcevables. » Aaah, mais tais-toi donc HaeWoo, range tes dictons à la con tirés de tes fichus romans à l'eau de rose. Je soupirais intérieurement. Je me désespérais moi-même. Enfin, le bon côté de la chose c'est que ça me faisait sourire. Et un sourire n'était pas de trop, au contraire. Je ne sais pas réellement comme "j'étais" avec lui, avant mon accident. J'avais trouvé quelques objets qui devaient lui appartenir, ou je ne sais pas. Ah, c'était chiant de ne pas savoir. Savoir qui, savoir comment et savoir que faire. On devait être marrant à regarder - ou pathétique, tu dépend du point de vu. On se connaissait sans vraiment se connaitre, se parlait sans vraiment se parler... Je suis sûre que toutes nos retrouvailles, dans le temps, n'étaient pas aussi... froides ? Malgré la fraîcheur de la situation, je pense qu'on était tous les deux contents de le revoir. Enfin, j'en étais sûre puisque nous venions de le dire. Et ces paroles, celles qu'il avait dites m'avaient fait chaud au coeur, même si on sentais que ça n'avait pas été simple à dire. Il était le premier à la faire. J'avais revu mes amis à Séoul, ceux avec qui j'étais souvent, mais malheureusement, le contact c'était perdu au fil du temps. A vrai dire, j'avais peur que ça fasse la même chose avec lui. J'avais hésité à la plage, l'autre jour, à lui courir après. Mais je m'étais raisonnée. Ça ne servait à rien d'y aller sans avoir quelque chose à dire, ou même... pour que ça finisse comme avec les autres. Mais voilà, nous nous étions tout de même croisés. Et cette fois, il était impossible de ne pas s'échanger quelques mots vu la situation.

La mer ? Ah, il parlait ce ça... cette fameuse dernière fois. Pour moi, notre rencontre, elle s’était faite à l'hôpital. Je comprenais qu'il ne souhaitait peut être pas en parler. Quoi de plus normal. Je hochais la tête, les lèvres légèrement pincées par un sourire. Je le regardais avec mes grands yeux. Je souhaitais imprimé se tête dans ma mémoire, bien qu'elle soit encore mouillée. Mais ce n'était pas gênant, mes parents le disaient souvent, mais quand on est beau garçon tout va. Ce proverbe se vérifiait. Ce n'est pas parce que je ne savais plus exactement ce que "nous" étions, que cela devait nous empêcher de nous connaitre à nouveau, n'est-ce pas ? Je finis par ajouter « Oui, cette fois, on a plus de temps. D'ailleurs, merci pour le ballon, la dernière fois. » Encore une fois de la politesse, c'était plutôt signe de gêne chez moi. Mais c'est vrai, j'avais envie de lui poser un tas de question... Mais peut être qu'il valait mieux que j'attende, que le temps passe un peu... Ou peut être que c'était mal de procéder de cette manière. Peut être que pour partir sur de bonnes bases il fallait qu'on soit franc ? J'hésitais... J'hésitais. Un silence... J'avais peur qu'il ne s'attarde un peu trop, je devais trouver une solution facilement. Heureusement, il cassa ce silence, me demandant si je ne voulais m'asseoir : « Ouais, on sera surement mieux installé. On le mérite bien, après ce joli sprint ! Et au pire, si tu as froid, on bougera. ». Je luis souris, une fois de plus. Ouais, je gardais dans un coin de ma tête qu'il était trempé.

Je lui emboîtais le pas jusqu'à ce fameux banc et m'assis... près de lui. Maintenant que nous étions assis nous pouvions parler, c'était ça l'idée n'est-ce pas ? Je décidai donc de me jeter à l'eau. « Bon alors, dis moi tout, puisque ça fait un moment que nous ne nous sommes pas vu, je suppose que tu as des trucs à ma raconter ? ». Han, HaeWoo, tu étais décidément une boulette... La pire que je ne connaisse. Cette phrase était sortie toute seule. Je ne sais pas d'où elle venait exactement... Je m'affolais, pinçant mes lèvres avec mes dents et me repris :« C'est... c'est pas comme ça que je voulais le dire. Je suis désolée. Je voulais juste te demander ce que tu faisais ici... dans ce parc... Ou à Busan en général d'ailleurs.». Je le regardai quand même, mes yeux lui criaient que j'étais désolée. « T'es pas sortis de l'auberge avec une fille comme moi. » lui chuchotais-je. Enfin, s'était censé être pour moi-même. Fallait que je me rassure en me disant qu'il fallait bien que ça arrive, tôt ou tard.

L'espace d'un instant j'avais réellement cru tout casser. Ce sujet de conversation aurait fini par faire surface d'une manière où d'une autre, mais j'aurais préféré que se soit lui qui en parle. Parce que c'est dans son passé qu'on allait fouiller. C'était de son passé qu'allait peut être me revenir quelques souvenirs. Il ne fallait pas que j'inscrive cette idée trop profondément dans ma petite tête. Les médecins m'avaient dis que parler ou revoir des gens de mon passé m'aiderait... Peut être. Rien n'était sûr. Les personnes qui sortaient d'un coma tel que le mien étaient toutes différentes. Ce n'était pas comme une angine où l'on dispose de l'antibiotique adéquate, non, chaque cas est propre à la personne. Un genre de maladie personnelle. Et encore, je ne sais même pas si cela peut s'appeler une maladie. Pour ma part je qualifierais ça comme une sorte de malédiction... Mais je restais atteinte d'une maladie incurable : la maladresse. Comment s'en défaire ? Je n'en avais aucune idée, on ne vend pas de remède en pharmacie. J'avais de la chance qu'il n'est pas mal pris ma question. Je pensais que celle que j'avais reformulé, après milles excuses, seraient plus facile à digérer. Mais à voir comment commençait sa réponse, je n'étais pas rassurée. Comment ça "comment dire" ? C'était quoi cette amorce ? Rien, rien, juste que tu venais encore de toucher un point sensible, mademoiselle la boulette.. J'écoutais ses paroles avec attention. Je pense que j'étais au courant, avant. J'avais dû être au courant que ses parents étaient morts, peut être que je l'avais vécu avec lui ? Peut être était-ce ce qui expliquait le fait que mes parents soient encore pas mal en contact avec se grand jeune homme. Je savais qu'ils lui téléphonaient souvent, mais je ne posais pas de questions. J'avais essayé au début, mais ça n'avait pas été très concluant, mes parents étaient restés un peu secret. Je ne pouvais pas leur en vouloir, tout le monde a une raison d'instaurer un secret, je suis sure que la leur était valable. Et puis... peut être même que c'était Myung Dae qui avait souhaité cela, chose que je comprendrais parfaitement. J'essayais de me mettre à sa place, quelques instants et je comprenais facilement qu'il pourrait avoir eu envie de s'éloigner. Il s'efforçait de rire, un rire nerveux. C'était pas compliquer de comprendre qu'il en souffrait encore de la mort de ses parents. De toutes manières, la mort ne peut jamais réellement disparaître de la mémoire - sauf cas exceptionnel - c'est toujours trop dur à surmonter pour les personnes qui restent. J'avais donc touché un gros point de sa vie, et certainement de sa personnalité. Quelques chose qui lui appartenait et lui le touchait. Cela m'étonnait presque qu'il en ait parlé aussi... facilement. Mais peut être que l'ancienne relation que j'entretenais avec lui y était pour beaucoup. Dans des cas comme celui-ci, il fallait rester naturelle, et retenais les questions qui me passaient par la tête. J'avais parfaitement entendu ce qu'il avait dis, il ne fallait pas qu'il s'inquiète. Ceci n'était pas tomber dans l'oreille d'une sourde. Et puis, il avait un côté tellement touchant et adorable, que... Non, ce n'était pas possible de rester impassible. Mais on ne savait jamais vraiment quoi répondre face à ce genre d'information. A ma grande surprise, il répondit aussi à mes murmures, disant que c'était plutôt moi qui n'était pas sortie de l'auberge avec une mec aussi chiant que lui. Je ne pus m'empêcher de rigoler « Si tu es à ton maximum, là, je pense que je vais facilement tenir ! ... Et puis j'aime bien les personnes chiantes; du moment qu'elles sont gentilles dans le fond. » il me demanda ensuite ce que je faisais à Busan : « Je suis à l'aventure, je m'écarte un peu de ma famille. Un besoin d'air, je pense. Un peu comme toi il y a dix ans peut être ? Et oui, du coup, je me suis lancée dans le dessin. Faut bien trouver de quoi occuper ses journées, vois-tu. Et toi ? tu fais des études ou tu bosses peut être ? »

Mouais, j'avais eu peur de dire encore une connerie. Je n'avais cependant pas envie de faire comme tous les monde. La mort, ça fait peur, les gens se braquent et s'excuses. Ils viennent tous avec des petits paquets remplis d'amour qui prennent rapidement le dessus sur la personne qui fait face à son deuil. Mais il fallait bien qu'on commence par quelque chose si on voulait avancer.. Je voulais être franche avec lui, pas forcément cassante à lui faire du mal -bien au contraire je m'en voudrais trop- mais je ne voulais pas qu'il me prenne pour quelqu'un que je ne suis pas ou plus. Je ne pense pas à avoir à lui préciser. « Évidement, si tu veux apprendre, je ferais en sorte d'être un bon professeur, mais je ne te promets pas de miracle hn. Tu as bien vu où mon dessin a fini... A l'eau. Donc, je ne promets rien vis à vis de la qualité des cours. Avantage pour toi, ça sera gratuit... A moins que... » Je rigolais bêtement. Rire, pour oublier l'ambiance tendue, pour passer à autre chose. Rire pour le voir en faire de même. Bien que le côté gêné, stressé & autre lui aille à merveille, un sourire c'est encore mieux.

Ce cours seraient une occasion pour que l'on se revoit, c'était parfaite. Exactement ce que je voulais. Rassurez vous, je ne compte pas entretenir une relation avec lui juste parce qu'il en sait beaucoup su moi, beaucoup que j'aimerais savoir aussi. Ouais, pour me renseigner sur moi-même. Je veux réellement apprendre à la connaitre. Il n'a pas l'air bien méchant, et encore moins chiant.

Depuis que je m'étais réveillée de mon long sommeil, j'avais vu et revu beaucoup de monde. Des personnes que je connaissais, de nouvelles... Évidement, celles du "passées" venaient souvent me hanter. Je dois avouer que je n'aimais pas me retrouver en face d'une de ces personnes. C'était toujours délicat, difficile, incompréhensible... Entre celles qui vous faisaient sentir que maintenant vous étiez différentes et celles qui faisaient comme si de rien n'était, j'étais servie. Peu de personnes étaient réellement restée dans mon coeur, ou même dans ma vie. Peut être était-ce parce que ce n'était que de simples amis ? Je ne sais pas. Mais certaine avaient finis par partir, d'autre pas se désintéressée. Je n'étais plus une amie, je ne rigolais plus de la même façon, je ne voyais plus les choses de la même façon... En faite, je ne voyais plus rien du tout. Ma mémoire c'était transformée en vide, un trou noire. Personne n'avait réellement voulu que je retrouve m'aider. Hormis mes parents, j'étais assez seule. C'est pour ça que je me suis enfermée dans la dessin d'ailleurs. J'avais coupé les ponts avec plusieurs personnes, allant jusqu'à me faire passer pour une autre personne, plus froide, plus méfiante. Je m'étais rendue compte que les personnes qui m'entouraient à Séoul n'étaient pas assez proches de moi. Elles ne me connaissaient pas vraiment. Ici, c'était différent. Certes, je ne connaissais que très peu Myung Dae, mais à l'inverse des autres, quand il me parlait de lui, ça ne me dérangeait pas. bien que se soit lui aussi de sa vie, de ses malheurs ou de son job. Au contraire. Je n'avais pas l'impression d'être avec une de ces personnes qui ne me connaissaient que très peu. Dans le fond, ce n'était peut être qu'un simple impression... Mais je voulais y croire quand même. Je savais qu'il devait me connaitre comme un frère connait sa soeur, toutes ces photos évoquaient tellement de souvenirs, de moments passé ensemble. Nous avions toujours été un peu ensemble, du moins, c'est le sentiment que j'avais tirer de tous les vestiges qu'il restait. Et puis, mes parents le connaissaient... Il n'avait pas l'air bien méchant, au contraire. Donc, il m’inspirait confiance. C'était la première fois depuis que je reprenais contact avec les personnes de mon passé que ça se passait aussi "bien". La première fois que j'étais vraiment contente de retrouver quelqu'un. La première fois que j'arrivais à être naturelle. La première fois que l'on ne me rembarrait pas aussi, qu'on essayait pas de me faire comprendre que c'était mort maintenant que je ne me souvenais plus de rien. J'étais contente d'en apprendre plus sur lui même si ce n'était pas tout rose. A l'image de la vie dira-t-on.

Puis il me demanda ce que je faisais ici. Je lui expliquai tout l'histoire brièvement, ajoutant que je faisais du dessin pour passer mon temps. J'avoue que c'était de la folie de se mettre dans des études d'art, mais pour le moment c'était la seule chose qui me plaisait vraiment. Pensant partir sur un sujet plus gai, je lui avais simplement retourné la question. Bon, je dois avouer que ça m'intéressait aussi. Il était mécanicien depuis déjà trois ans. Je rigolai. La manière dont il l'avait dit était assez marrante. « J'comprends, les études, c'est pas une tassé de thé. » Je me penchais légèrement vers lui pour lui continuer en murmurant : « Si papa et maman n'avaient pas été derrière mes fesses, j'aurais certainement trouvé de travail, moi aussi. C'est bien de travaillé, faut pas croire, mais il n'y a pas que les gens diplômés qui réussissent. Et entre nous, si on réussis que par le boulot, on réussis pas grand chose... » puis je me redressai et fis comme si de rien n'était : « Donc le métier, du moment que tu t'y plais, c'est comme les études. Et puis, c'est vachement plus viril d'être mécanicien que de porter des costards cravates toute la journée, si tu veux mon avis. ». Légère ? je ne sais pas. Nature, évidement. Je n'allais pas changer cela. Mais peut être était-ce un peu trop ? En même temps, c'était dur de ne pas se laisser aller avec une personne que l'on a l'impression de connaitre depuis si longtemps. J'étais de plus en plus à l'aise avec lui. Ça avait l'air d'être le cas de son côté aussi.

Il rigolait enfin sans "gêne". Il faut dire que cette histoire de dessin me faisait bien rire. Je ne m'imaginais pas lui enseigner quelque chose... Mais j'aimerais bien passer un peu de temps avec lui... Plus de temps avec lui. Le connaitre ! Il m'avoua qu'il serait ravis de m'avoir comme professeur. Je lui tapotai l'épaule, rigolant, et ajoutai sur le même ton : « C'est ce que tu dis pour le moment. Mais on verra quand on y sera.... Pour le moment, on va dire que... Je serais ravie de passer un peu de temps avec toi ! » Je lui souris, contente d'avoir sortie ce que j'avais sur le coeur. Car oui, c'était vrai, j'étais contente d'être avec lui.

Myung Dae me fixait dans les yeux, à présent. Depuis tout à l'heure, je cherchais son regard. Il l'avait enfin plongé dans le mien. Bon, j'en rajoute, parce que nos regards s'étaient déjà croisés... Mais pas de cette façon. J'avais l'impression de... Revivre quelque chose ? Je ne saurais pas expliquer ce qu'il se passait dans ma tête, ou même dans ma poitrine, mais... Un frisson parcourait mon corps, chargé de souvenirs. Mais c'était bizarre. Je savais bien que je n'allais pas retrouver la mémoire comme ça, mais j''avais l'impression de revivre un moment de mon passé... C'était étrange, mais agréable. Il posa ensuite une question qui ne m'étonna pas. Je clignais des yeux et tentait de trouver une jolie réponse. J'avais peur de le revoir, comme cette fois à l’hôpital. Peur qu'il reparte sans me dire au revoir. Peut de l'éloigner. Mais je me devais de dire la vérité. Il n'allait pas croire à un mensonge, même si j'avais pu l'appeler par son prénom... « Quelques choses, c'est vraiment le terme. Mais ce ne sont que des brides de quelques moments du passé... C'est assez bizarre. Un peu comme des rêves, tu vois ? » Je savais que ce n'était pas très encouragent, mais je préférais être franche avec lui. « Les médecins m'ont dit que ça pouvait ne jamais revenir. Ou revenir un jour ou l'autre. Mais pour le moment, je ne me rappelle de pas grand chose. Je suis désolée. » Entre temps, j'avais baissé les yeux.